Marie rĂȘvait dâĂȘtre coiffeuse. Quand elle est embauchĂ©e, Ă la grande joie de sa mĂšre, au centre dâappel dâune plate-forme de tĂ©lĂ©-marketing, elle serre les dents : dans lâopen space, elle sâappellera Sonia, sa voix sera « souriante » et persuasive, efficacitĂ© oblige. Le superviseur traque le moindre dĂ©rapage⊠Et MickaĂ«l, son petit ami, lui prĂ©fĂšre une fille moins « compliquĂ©e ». Marie Ă©touffe. Un poĂšme dâApollinaire lui revient en mĂ©moire : Marie., qui va tout changer.
Le long monologue de Marie est le rĂ©cit dâune affirmation de soi, un poĂšme en prose qui dĂ©crit de lâintĂ©rieur les effets dĂ©vastateurs dâun travail aliĂ©nant, lâabsurditĂ© de ses mĂ©canismes, le mĂ©pris dont il tĂ©moigne Ă lâĂ©gard des individus, la pression quâil exerceâŠÂ et la genĂšse dâune rĂ©volte ! LâintĂ©rĂȘt du texte est lĂ , dans lâanalyse fine dâune Ă©mancipation. Ă lâopposĂ© du fatalisme ambiant, la romanciĂšre raconte une de ces rĂ©volutions silencieuses et le dĂ©clic personnel qui la dĂ©termine. IrrĂ©aliste ? On le dit trop rarement : la poĂ©sie peut, sans aucun doute, sauver du dĂ©sespoir, bercer la peine et redonner le goĂ»t et lâĂ©nergie de vivre.