Trente-huit nouvelles, aussi courtes que dĂ©bordantes dâimagination et de fantaisie dĂ©bridĂ©es, nous plongent dans un univers quasi-kafkaĂŻen aux chutes parfois dĂ©concertantes. GrĂące Ă une mise en scĂšne Ă©conome et une Ă©criture dont l’apparente lĂ©gĂšretĂ© renforce la noirceur et l’efficacitĂ©, la banalitĂ© de la vie quotidienne se trouve malmenĂ©e, de façon minimaliste, par un humour dĂ©capant annoncĂ© par des titres baroques. Etgar Keret (Pipelines, NB avril 2008) est aujourd’hui une figure majeure de la littĂ©rature israĂ©lienne. Par ailleurs, cinĂ©aste au talent reconnu, il peint avec une ironie mordante des personnages paumĂ©s ou dĂ©jantĂ©s ; mais c’est aussi avec la tendresse de l’enfance qu’il sait Ă©voquer les problĂšmes d’une gĂ©nĂ©ration, la sienne, dĂ©sillusionnĂ©e. En IsraĂ«l, pays « maniaco-dĂ©pressif » selon ses propres termes, la dĂ©rision devient un rempart, la crĂ©ation artistique une consolation, l’attrait pour lâabsurde une Ă©chappatoire. Le nouvel opus d’un artiste atypique et attachant.
Au pays des mensonges
KERET Etgar