En 1887 un poète inventa le terme « Côte d’Azur » pour désigner ce littoral français. Jusque-là la Méditerranée, entité féminine opposée à l’Océan masculin, était une destination hivernale pour les riches en quête de climat doux, de guérison, parfois d’expériences sensuelles. Fréquentée pour ses rivages et ses paysages, on recherchait ses ombrages, les peintres ses couleurs. La culture antique y était aussi un puissant motif de voyage. Une profonde mutation s’opéra dans les années 1930 : on se mit à désirer le soleil pour bronzer, les plages pour se dévêtir et se baigner, les îles pour rêver. La Grande Bleue devint plus fréquentée l’été que l’hiver et moins réservée à une élite fortunée. Anthropologue spécialiste du tourisme, Jean-Didier Urbain donne ici un livre savant, documenté, aux nombreuses références à la peinture, l’Histoire, la littérature. L’analyse, présentée comme une biographie, de la « première Méditerranée » est plus développée que celle de la période de l’après-guerre, réduite au modèle polynésien qui a inspiré la création des clubs de vacances. Le ton de ce livre assez intéressant est parfois emphatique ou métaphorique à l’excès par rapport au sujet, léger et évocateur.
Au soleil : naissance de la Méditerranée estivale
URBAIN Jean-Didier