En Angleterre, fin des années quatre-vingt-dix. Kath, trentenaire, est “accompagnante”. Elle raconte cette drôle d’école d’Hailsham où elle a passé ses dix-huit premières années. Des liens très forts s’y sont noués, surtout avec Ruth et Tommy. Elle rapporte ces années d’adolescence, petits drames et grandes amitiés, l’éveil de la sexualité, ses relations avec les “gardiens”, l’économie interne qui règne dans ce monde clos où les activités artistiques sont survalorisées. Une fois sorti, chacun vit son destin, connu sans être vraiment formalisé, accepté sans rébellion. Ruth, qui a toujours été leader de leur petit groupe, pense que Kath et Tommy pourraient essayer d’infléchir l’histoire. Ce qu’ils tentent, accédant enfin à la verbalisation si ce n’est à la liberté.
Kazuo Ishiguro ne dévoile son propos qu’après une centaine de pages, pendant lesquelles le lecteur hésite à comprendre. Cette ambiance de collège anglais très enveloppante, très quotidienne malgré son étrangeté, ne laisse filtrer que par bribes une réalité effrayante. Fable d’anticipation ou métaphore sur la finitude de l’homme, ce roman interpelle autant le lecteur que Quand nous étions orphelins (N.B. nov. 2001).