Ils sont partis sans intention particuliĂšre, un beau matin. En chemin pour lâĂ©cole, ils se sont lancĂ© un dĂ©fi, Ă celui qui marche le plus vite et ils ont marchĂ©, marché⊠Pour lâun, une maniĂšre dâoublier les menaces dâexclusion (il est ukrainien), pour lâautre, dâĂ©chapper Ă la main facile de son pĂšre. Une journĂ©e, puis une autre, cinq en tout, avec petits vols pour se nourrir et effractions pour se mettre Ă lâabri. Le marathon vire Ă la fugue.  Le rythme de lâĂ©criture reflĂšte la respiration, lâessoufflement des marcheurs. Les paysages dĂ©filent, urbains dâabord, parkings, zones industrielles, grands axes routiers. Avec les kilomĂštres, la nature apparaĂźt, sentiers, forĂȘts, bords de mer⊠Si lâhorizon sâĂ©largit, la faim se fait sentir, la fatigue aussi. Les risques grandissent et soudain lâangoisse, avec les avis de recherche placardĂ©s. Pour le lecteur aussi les interrogations et le stress augmentent. LâĂ©pilogue est une pirouette qui fait des hĂ©ros les porte-parole dâune campagne contre les politiques dâexpulsion. Le rĂ©cit sĂ©duit par son Ă©criture plus que par lâaventure vĂ©cue, par lâĂ©vocation des paysages qui dĂ©filent et les rĂ©flexions du narrateur sur ses relations avec son pĂšre. Il laisse une trace. (A.-M.R. et F.E.)
Aussi loin que possible
PESSAN Ăric