Autopsie d’un imposteur

1957, Louis Dansart est à Bruxelles, pour y découvrir le monde. Il rêve de faire partie de la haute société, celle qui sent bon et qui ne se pose pas de question d’éthique. Rastignac, il se veut Baron. Mais en attendant, c’est un étudiant sans le sou, couchant avec sa voisine, prostituée. Et pour survivre, il se dit que sa jolie gueule plairait à ces riches bourgeoises qu’il regarde avec envie. Il va comprendre que l’engagement pour « en être » demande des sacrifices démesurés, notamment à ceux qui portent en eux le sceau de la campagne et de la pauvreté. A mi-chemin de la folie et de la volonté, Louis va se forger son enfer.

Le verbe haut et acéré, le narrateur s’en prend à un jeune arriviste qui lui répond et lui dit qu’il va lui montrer de quoi il est fait. Et l’œuvre nous montre en effet de quoi est fait cette bête d’ambition. L’histoire, pourtant glauque et socialement terrible, prend un ton badin, se moquant des délires paranoïaques du héros et faisant un tableau d’un monde gouverné par la richesse et le masque social.

Loin de s’en prendre directement aux bourgeois, c’est à travers ceux qui les envient et les servent docilement, que se révèlent les travers, les turpitudes mais aussi les petites attentions guidées par les convenances de la bourgeoisie. C’est un succès, car jamais on ne sent juge moral mais plutôt spectateur amusé.

Le style graphique est efficace et terriblement années 50, parfaitement adapté à l’histoire. Le franchissement du 4^ème mur permet au héros d’interroger non pas un narrateur caustique mais à travers lui, le lecteur.

Excellente œuvre, singulière mais très agréable.

(MS – DP)