Ania, trentenaire, a perdu sa mère très jeune. Son fils, Théo, a six ans. Après quatre ans de silence, elle reprend contact avec Gabriel, son père, mais les liens fusionnels de l’enfance ont disparu. La brillante carrière de ce journaliste narcissique s’était mal accommodée du développement poussif d’une enfant introvertie, qui ne comprenait rien à l’école et ne se sentait nulle part à sa place. Les retrouvailles sont douloureuses et ratées. Les tensions sont exacerbées par la mise à pied récente de Gabriel, victime d’un lynchage médiatique après un dérapage verbal raciste. Le lendemain Gabriel se suicide… Dans son dixième roman, Pascale Kramer (Gloria, NB avril 2013) annonce, métaphoriquement, une « autopsie ». Mais, pratiquée par une jeune femme qui semble détachée de tout, elle manque de précision. Le père est complètement insaisissable, d’un bout à l’autre de sa vie, même s’il s’inscrit dans l’actualité politique et sociale de la France actuelle. Dans un style concis, sans grande originalité, l’auteur décrit un mal être généralisé : une société déboussolée faite d’êtres malmenés, apeurés, nostalgiques, parfois tentés par des choix extrémistes. Cependant les personnages restent des esquisses et l’on éprouve plus d’indifférence que d’empathie à leur égard. (A.-C.C.M. et M.-C.A.)
Autopsie d’un père
KRAMER Pascale