En Haïti, un an après le séisme de 2010, les Haïtiens vivent toujours dans des camps de réfugiés qui ne cessent de s’étendre au fil des mois, dont celui de Canaan situé à proximité de Port-au-Prince. La précarité, la misère et l’absence d’eau en font un petit enfer où survit une population résignée. Fito Belmar, ingénieur-architecte et écrivain, est un chargé de mission qui tente de faire aboutir d’improbables projets de reconstruction. Après un fulgurant premier succès littéraire, il ne parvient plus à écrire, dérive entre surmenage et alcool et cède à des pulsions sexuelles pédophiles, qu’il assouvit dans le camp de Canaan. L’Haïtienne Kettly Mars est un écrivain haïtien de talent, on retrouve ici les qualités de son livre précédent (Saisons sauvages, NB mai 2010). Dans ce court roman, d’une belle écriture, elle témoigne de sa révolte face à l’incurie générale. Minée par les luttes politiques et les compromis, l’île demeure dans un état de chaos invivable. L’auteur établit un subtil parallèle entre les thèmes de la misère locale et la détresse du personnage principal. Son amour pour la dureté et la sécheresse des paysages d’Haïti, leur beauté envoûtante et leur âpreté, son attachement pour ce peuple perdu sont émouvants.
Aux frontières de la soif
MARS Kettly