Paul s’est acheté un vélo neuf et celui-ci est volé dans le XIIIe arrondissement. Il dépose plainte au commissariat de police. Comme il attend peu de cette démarche, des centaines de vélos étant volés chaque année, il oriente ses recherches sur plusieurs sites internet de vélos d’occasion.
Certains passages du scénario du film néoréaliste de Vittorio de Sica, Le voleur de bicyclette, réalisé à Rome en 1948, séparent les chapitres. Ce récit contemporain de Bruno Gibert, graphiste auteur de livres pour enfants (Le Ver Vert, Les Notes septembre 2021), mêle réalité, ressenti sentimental et conscience politique. Les mésaventures de Paul et celles du héros du film sont admirablement proches. Si la victime pleure son bien disparu, le voleur a ses propres raisons difficiles à caractériser, nécessité faisant loi. Semblable à une malicieuse bande dessinée, le récit saute d’image en image, de détails sociologiques et intimes à des scènes burlesques. Le langage de banlieue utilisé au commissariat par les policiers est presque drôle, alors que l’arrestation du coupable est angoissante. Un livre court, vivant et réfléchi qui finit « en queue de poisson » (tout ça pour ça !). (M.Bi. et A.Le.)