Bagdad, 2010. La jeune Maha et son mari Lu’aï sont réfugiés chez son oncle Youssef avant de quitter définitivement l’Irak pour aller s’installer au Canada. Maha reproche au vieil homme de s’accrocher au passé sans voir l’époque terrible dans laquelle ils vivent. Tous les trois sont membres de l’église catholique chaldéenne et sont sans cesse persécutés par les baassistes et par les musulmans extrémistes qui les poussent hors de leur pays. Écrit à partir d’un fait réel, le massacre des chrétiens assistant à l’office de Pâques dans l’église Notre-Dame-de-la-Délivrance à Bagdad en 2010, Sinan Antoon aborde une fois encore le thème de la désintégration et de l’agonie de l’Etat irakien durant les vingt dernières années. Son très beau et triste Seul le grenadier (NB avril 2017), qui reçut le prix de la Littérature arabe en 2017, racontait la difficulté du quotidien des Irakiens. Ici ce sont les chrétiens qui sont perpétuellement attaqués, brimés, terrorisés, massacrés. L’opposition entre la jeune femme et son oncle vient du fait que lui se souvient des jours heureux, harmonieux, alors qu’elle n’en a vécu aucun. L’écriture monte en intensité, le sort de ces vieilles communautés chaldéennes bouleverse. (A.M. et D.C.)
Ave Maria
ANTOON Sinan