Bakchich

Kathy, la quarantaine passée, Stambouliote d’origine allemande, tient une librairie spécialisée dans la littérature policière. Alors qu’elle vient de rompre – provisoirement – avec son amant avocat et qu’elle recherche un nouvel appartement, elle est mêlée à un double crime perpétré dans l’immeuble qu’elle vient de visiter. Passionnée de polars, elle se lance dans l’enquête, d’autant que l’inspecteur de police, qu’elle connait bien, semble la soupçonner. Esmahan Aykol, auteure turque à succès, ressemble beaucoup à son héroïne, déjà rôle principal d’un précédent roman policier. Elle parle avec affection et lucidité des Turcs et des Allemands, dont elle compare les habitudes et comportements. Elle fait des portraits réalistes des femmes de son pays, évoque leurs problèmes intimes, insiste sur l’importance de la relation aux autres, tout en vantant les charmes sans pareil d’Istanbul. Plus qu’une intrigue policière, c’est une joyeuse peinture de moeurs d’une société tiraillée entre modernisme et tradition, empêtrée dans la crise économique et dans les rapports ambigus avec la religion et l’Union Européenne. La minceur de l’intrigue et une certaine longueur sont compensées par un langage vigoureux et humoristique.