Bakhita

OLMI Véronique

Enlevée enfant à sa famille soudanaise, vendue comme esclave, transportée en Vénétie où elle trouve refuge auprès de religieuses qui l’éduquent, Bakhita (1869-1947) connaît un destin à la fois hors normes et singulièrement personnel. Dans les années 30, son histoire dite alors « merveilleuse » sert, bien malgré elle, la propagande missionnaire mussolinienne en Ethiopie. Elle est béatifiée puis canonisée en 2000 par le pape Jean-Paul II.  

Ni hagiographie – malgré le sujet –, ni biographie, le roman de Véronique Olmi (J’aimais mieux quand c’était toi, NB mai 2015) est le portrait à coeur d’une âme simple mais forte, indestructible malgré les épreuves épouvantables et les violences subies dans sa jeunesse. C’est aussi l’histoire de la reconstruction d’une personnalité sur les décombres laissés par la perte, perte de l’identité, perte du langage, perte des repères, perte de l’espoir et de la liberté. La narration, précise et riche, reflète et modèle cette renaissance. Après la violence des terribles chapitres africains, vient l’apaisement dans le silence des instituts religieux italiens. Aussi exceptionnelle et historiquement marquée soit-elle, la vie de Bakhita trouve des échos douloureux dans certains événements contemporains entachés de violence et de racisme. (T.R. et C.G.)