Olivier Rolin avait inscrit la date et le lieu de son suicide fictif : “hôtel Apchéron, Bakou 2009” dans un des textes de son ouvrage, Suite à l’Hôtel Crystal (NB décembre 2004). Comme pour honorer une convocation funèbre, il traverse en 2009 les steppes de l’Asie centrale du Turkménistan et séjourne à Bakou, en Azerbaïdjan. Avec lui une cargaison de livres : Barthes, Schnitzler, Tynianov, Tolstoï, Marques…, choisis pour leur thème commun, la mort. Il s’installe dans la ville, visite, lit, observe, médite, rêve, rencontre et se souvient.
Pour Olivier Rolin, le voyage est un ressort d’écriture. Celui-là, provoqué par l’artifice acté et millésimé de sa propre fin, catalyse une réflexion entre disparition, réalité et littérature. La littérature peut-elle surpasser et prédire le réel ? Lui survivre ? Propos intimes, notes de voyage, citations savourées, allusions constantes à son oeuvre, portraits hétéroclites tentent de répondre. Il y a de la désinvolture, du narcissisme et une indiscutable érudition dans cette divagation géographique et littéraire. Mais aussi une pose et… un peu d’ennui sur les rivages d’une mer Caspienne aux eaux plates, hérissées de vestiges paléo-pétroliers, “striées de traînées chocolat”…