Béatrice fait partie de cette escouade de jeunes femmes qui débarquent le matin de la proche banlieue comme vendeuse des Galeries La Brouette. Le soir, le trajet est l’inverse. Seule la cohue qui se presse vers les transports en commun ne change pas. Un matin, Béatrice distingue, dans le hall de la gare, un sac abandonné, rouge. Il est à la même place le soir même. Le lendemain matin itou. La tentation est trop forte, elle s’en empare le soir, et emmène son butin dans son minuscule appartement (sous le toit sans ascenseur). Dans le sac, un trésor : un album de photos où figurent des personnes jeunes, heureuses qui, de suite, la fascinent. Utilisant les indices sur les photos, elle part à la recherche de cet univers du bonheur. Elle retrouve les lieux puis très vite plonge dans ce monde de ces gens qui deviennent ses amis. Et elle rêve, elle est reconnue, a un amoureux, est entourée d’amis, fait la fête, se marie, voyage. Mais…
Une merveille ! Cette BD entièrement muette est un petit chef d’œuvre. Le récit est parfaitement compréhensible grâce aux variations entre la couleur chaude et pesante de la réalité, et le noir et blanc du rêve. Il sait devenir émouvant à travers les expressions si diverses et si suggestives de visages attachants. Le dessin réussit l’exploit d’exprimer toute l’animation d’une ville surpeuplée, qu’il pleuve ou non, ville dans laquelle aussi peut être ressentie une immense solitude.
Remarquable, à ne pas manquer !