Les années ont passé. La narratrice se souvient. Elle avait accompagné Franck, son mari, qui voulait terminer sa thèse. Pour cela, il avait choisi un petit hôtel de montagne, au bord d’un lac entouré de bois sombres, à deux kilomètres de la frontière. La saison estivale terminée, ils étaient, avec Éric et Christine Vasseur, les derniers clients de l’hôtel. Seuls, les aboiements plaintifs d’un chien rompaient la tranquillité de l’endroit. Une semaine après leur arrivée, s’installait un homme de haute taille, il disait s’appeler Serge.
Restituant l’atmosphère d’un univers resserré, Dominique Barbéris (Quelque chose à cacher, NB novembre 2007) met son écriture classique au service d’une véritable ambition esthétique. Par petites touches, elle établit les parallèles entre la nature et « la géographie humaine » : aux abîmes du lac, à l’eau des torrents, au brouillard, répondent les sentiments de nostalgie, de doute, de désespoir ; au feu, « l’attirance bizarre pour les choses brûlantes », rappelant la frontière ténue entre l’ombre et la lumière de chacun. À son rythme, dans une cadence retenue, elle délivre sa petite musique mélancolique.