Belleville city

TSIKALAKIS Yannis

Comme chaque matin, Issa fait consciencieusement son boulot d’éboueur-balayeur à Ménilmontant avant de rentrer préparer un plat sénégalais pour son épouse, la jolie Julie, étudiante à l’Agro. Dans les hauts de Belleville, deux petits dealers, Modibo et Fouad, rêvent de devenir des vedettes du rap. Plus bas sur le boulevard de Clichy, le gérant d’un sex-shop fait passer un mauvais moment à Manuela, la prof de salsa cubaine qui partage sa vie. Puis, pour sauver son business qui périclite, il va trouver le kiosquier grec qui le met en rapport avec un truand notoire.  Dans ce premier roman haut en couleurs, Yannis Tsikalakis fait se croiser les vies d’habitants des derniers quartiers populaires de la capitale. Sa peinture des lieux et des personnages est sympathique et vivante. Il donne la priorité à l’ambiance d’un petit monde solidaire et laisse souvent à l’arrière plan une intrigue simple : un recouvrement de dettes qui tourne mal. Tournant le dos aux clichés déprimants d’une ville qui se vide de ses « vrais gens » et perd son caractère, l’auteur préfère l’optimisme, quitte à verser parfois dans la naïveté avec cet hommage chaleureux aux marginaux et aux « invisibles ». Dépaysant, plaisant mais un peu paresseux.  (T.R. et C.-M.T.)