Vladimir Dimitrijević, serbe réfugié en Suisse où il a fondé la maison d’édition L’Âge d’Homme, connue pour son indépendance, est mort en 2011. Un ami publie aujourd’hui leurs entretiens de 1996 à 2011. On ne s’étonnera pas de la grande richesse de leur contenu qui va du métier d’éditeur à une réflexion sur l’être humain et les politiques mondiales menées au cours du XXe siècle. Quant à son éthique d’éditeur, il défend avec ardeur son choix de publier un auteur, choix qui a toujours découlé d’une certaine vision de l’homme, principe auquel il n’a jamais dérogé, refusant tout compromis d’ordre politique ou commercial. Il est amené ainsi à jeter un regard critique sur les « totalitarismes » passés et présents : fascisme, communisme et libéralisme actuel dont il analyse les effets tout aussi pervers. Il dit son amour pour la Russie éternelle, ses grands romanciers, pour son pays incompris de la communauté internationale, pour l’orthodoxie, pour « ses auteurs », Zinoviev, Grossman… sans oublier son amour des mots. Dense mais passionné. (L.K. et A.-M.D.)
Béni soit l’exil ! Propos d’un éditeur engagé : entretiens avec Gérard Conio
DIMITRIJEVIĆ Vladimir