Septembre 1928 : le train de Cologne entre en gare de Berlin. Le journaliste Kurt y a rencontré Marthe, une jeune artiste qui vient suivre des cours. Ils se retrouveront plus tard et l’évolution de leur rapports ponctue un vaste panorama de la vie à Berlin dans cette période complexe où révolte et fêtes s’entrecroisent. Tandis que le réarmement est en route et que les zeppelins traversent l’océan, les extrémismes s’affirment et la chasse aux juifs commence.
Le strict noir et blanc de ce copieux roman graphique paru en 2002 crée un climat austère. Un dessin expressif et subtil fait émerger quelques épisodes poétiques ou tendres qui contrastent avec les violences présentes et celles de la grande guerre encore proche. La misère des rues, où s’opposent les emblèmes des partis rivaux, tranche avec le luxe feutré des grands cafés. Les innombrables personnages, tous dépeints avec un grand souci des détails, livrent leurs pensées décalées alors qu’ils vaquent à leurs occupations ordinaires, pendant que de sinistres événements se préparent. Les méandres d’un récit complexe, mêlant histoire et roman, plongent le lecteur dans un climat où les mots et les idées se bousculent et où croît progressivement le sentiment de l’inéluctable.