Berta Isla

MARÍAS Javier

Comment se souvenir d’un mari disparu depuis douze ans ? À Madrid, Berta a ouvert sa porte Ă  cet homme Ă  la fois connu et inconnu recrutĂ© quand il Ă©tait Ă©tudiant par les Services Secrets pour ses extraordinaires talents linguistiques. SoupçonnĂ© de meurtre, il avait Ă©tĂ© contraint d’accepter. Vie rĂ©elle et vies fictives se dĂ©roulent en parallĂšle
  Celle qui offre au titre son nom est la colonne vertĂ©brale de ce rĂ©cit qui puise son sujet dans la manipulation, l’imposture et la supercherie. Ce n’est pas un roman d’espionnage, mais le dĂ©veloppement de deux vies qui s’éloignent et se rejoignent, tenues par le poids des secrets, les tourments moraux sans fin, l’attente et une suspicion allĂ©gĂ©e par le confort de ne rien savoir. L’introspection est constante et les frĂ©quentes rĂ©fĂ©rences au thĂ©Ăątre de Shakespeare ou Ă  la poĂ©sie d’Eliot ajoutent aux dialogues une dimension d’inexorabilitĂ©. Écrivain prolixe au style lent et discursif (Si rude soit le dĂ©but, NB mars 2017), Javier MarĂ­as mĂšne en profondeur une rĂ©flexion sur l’identitĂ©, l’honneur et la fatalitĂ© avec, cependant, une certaine constance pour la rĂ©pĂ©tition. D’une belle Ă©criture, ce roman oĂč l’auteur suit avec une attention bienveillante des destins modelĂ©s par d’autres, aurait gagnĂ© Ă  plus de concision. (Maje et M.-F.C.)