En juillet 1998, Hakim et Yannick, amis inséparables, tuent le temps à D., une ville de province, au pied de leur HLM. Là, cohabitent des gens très différents, mais un certain Guy Lermot détonne avec ses sonates de Brahms écoutées à longueur de journée. Le 12 du mois, de 17h30 à la fin du match, ces trois jeunes vont vivre la Coupe du Monde de football de manière radicalement différente. Dans ce premier roman, avec les récits et les points de vue successifs des trois personnages principaux, Youssef Abbas restitue la vie quotidienne dans cette banlieue provinciale où vivent ensemble, en relative bonne intelligence, des Français moyens, immigrés pour certains. Les halls d’immeubles sont investis par une jeunesse souvent désoeuvrée. L’école ne joue qu’imparfaitement le rôle d’ascenseur social. Ce soir-là, les deux camarades découvrent dans un appartement de la bourgeoisie ce que signifie la fracture sociale, tandis que s’enfonce dans la solitude le mélomane, rongé par le déclassement et la difficulté d’assumer son orientation sexuelle dans une société parfaitement intolérante. À travers son regard distancié et souvent ironique, son style plein de gouaille, l’auteur souligne avec pertinence les frustrations des laissés-pour-compte et fait revivre avec intensité un match décisif. (A.K. et L.G.)
bleu blanc brahms
ABBAS Youssef