Bobi.

BESS Georges

Quand un dessinateur laisse son crayon errer à son gré, les arbres deviennent squelettes, les êtres et animaux se font monstres. Peut naître ensuite un humanoïde longiligne et asexué, Bobi, placé dans les situations les plus diverses, qui, d’abord seul, se démultiplie, puis devient enfin chacun des humains de la planète. Cette démarche onirique intrigante rappelle l’écriture automatique des surréalistes et des réalisations similaires de Moebius. Elle permet de suivre le cheminement inconscient de l’auteur qui se met lui-même en scène, tourne autour de ce personnage dont il présente de nombreux croquis en fin d’album.

Les dessins noirs et blancs sont toujours aussi fins, élégants, et poétiques, sachant créer un Pierrot lunaire plein de charme. L’aventure reste cependant intellectuelle et passionnera ou lassera selon le profil du lecteur. L’un peut s’égarer dans les méandres des délires de l’auteur, l’autre être séduit par le passage de l’individualité à l’universalité du personnage, qui s’avère être la morale de l’histoire. Une oeuvre, ambitieuse ou hermétique dans le propos, qui ne laisse pas indifférent.