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Son père, le Normand Robert Guiscard, l’ayant écarté du duché de Pouille et de Calabre, Bohémond s’engage en 1096 dans la première croisade. Il conquiert Antioche à l’issue d’un siège qui révèle ses qualités de stratège et de diplomate. Il y crée une principauté que ses descendants conserveront deux siècles durant. Son rêve était de s’emparer du trône de l’Empereur byzantin pour unir l’Orient à l’Occident. À cette fin, venu en France en 1106, il repart à la tête d’une armée de croisés. Il échoue et meurt en Italie, probablement en 1111.
Redoutable guerrier, Bohémond incarnait l’idéal chevaleresque du chevalier pauvre qui conquiert gloire et domaines par l’épée. Rusé, retors, aussi sincère dans sa foi religieuse que dans son appétit de conquête, c’était aussi un habile propagandiste qui sut se présenter en croisé modèle, défenseur de l’Église. Tout en insistant sur l’aspect charismatique du personnage, Jean Flori se livre à une passionnante exégèse des sources, byzantines ou chrétiennes, montrant comment elles ont été manipulées. Même si ce travail complique la lecture, il jette un éclairage averti sur une personnalité complexe et sur l’histoire des Croisades.