Le Père Boitelle avait fière allure, lorsque, soldat, il promenait sur les quais du Havre ses dix-huit ans dans son uniforme coloré. Au café des colonies, il tombe amoureux de Norène la sublime serveuse d’origine africaine. Il est séduit par la gaieté qui se dégage d’elle, par son courage et son français irréprochable. Il la demande en mariage avec la seule condition que ses parents acceptent cette union. Le jeune couple déploie des trésors de gentillesse pour détendre la situation… Malheureusement, le verdict tombe : « C’est dommage qu’elle soit si noire ». Belle réussite que cette adaptation d’une nouvelle de Maupassant. Les faits ont lieu à la fin du XIXè siècle, alors que battent leur plein les expositions coloniales avec leurs « sauvages » exposés comme au zoo. Le racisme est là, profondément ancré, plus fort que tout. Quella-Guyot et Morice, le premier avec un sens achevé d’un récit sans jugement, et le second par sa plume délicate et ses mises en page aérées, savent recréer l’atmosphère de la fin du siècle et font ressortir le contraste entre sa joie de vivre et le blocage total vis-à-vis de ces êtres dits « à peine humains ». (Y.H. et P.P.)
Boitelle et le café des colonies
QUELLA-GUYOT Didier, MORICE Sébastien