Benaise, minuscule village chinois où l’on est « bien aise » de vivre, est peuplé de paysans handicapés – unijambistes, manchots, aveugles, sourds-muets, naines… Mais chacun a développé des qualités compensatoires et tous sont heureux. Or le chef du district, follement ambitieux, veut transformer la région en gigantesque parc touristique. Il fait construire un extraordinaire mausolée destiné à accueillir la momie de Lénine, dont les Russes voudraient se débarrasser. Pour réunir la somme nécessaire, il contraint les habitants à se donner en spectacle et la troupe remporte partout un succès fou. Les bénéfices sont mirifiques. Mais pareille avalanche de succès peut-elle durer ? Tout comme dans Les jours, les mois, les années (NB avril 2009), l’action se situe dans la province du Henan. Ce roman aux accents parfois picaresques, en décalage avec la réalité (neige en plein été, canicule en hiver, naine qui se met à grandir…) est aussi une fable politique, dont la morale apparaît clairement à la fin. Quelques longueurs, mais la langue est inventive, le ton très satirique. De façon fort habile se glisse l’évocation du Grand Bond en avant et de la Révolution culturelle, véritables catastrophes pour ceux qui voulaient juste vivre « benaises ».
Bons baisers de Lénine
YAN Lianke