Le professeur Jared Borowitz, la quarantaine épanouie, est un brillant physicien. Reconnu par ses pairs, aimé de sa charmante compagne, entouré d’amis fidèles, il ne se satisfait plus de sa vie bien réglée. Il devient morose, s’aigrit. Jusqu’au jour où il apprend que son mentor, son modèle depuis toujours, le très célèbre prix Nobel de physique, Derek Tomlinson, est en train de s’éteindre. Jared se précipite à son chevet où le vieillard lui confie comme viatique une formule énigmatique : « Tu n’as jamais compris que ton rôle était d’être heureux, pas d’avoir raison ». Électrochoc salutaire, Jared se remet en cause.
Steven Boykey Sidley, dans ce second roman traduit en français après Meyer et la catastrophe (NB janvier 2016), explore, avec une finesse inspirée de Woody Allen, les arcanes de l’âme. Mêmes traits d’esprit, même peinture des classes américaines supérieures, même compréhension des méandres de leurs psychés. La qualité du roman repose plus sur la pertinence de cette observation que sur l’intrigue qui traîne un peu en longueur, avant de rebondir heureusement dans la dernière partie. Un style enlevé, émaillé de pointes d’humour, des personnages attachants et surtout un nouveau regard plein d’humanité sur le monde et nos semblables. (M.O. et A.Be.)