Une nuit, Lina et Pedro, petits Indiens colombiens, sont enlevés par des guérilleros et déposés dans un camp d’enfants volés. Élevés à la dure au nom d’une idéologie d’unité nationale, ils s’échappent de la réalité pour survivre en construisant leur propre espace. Grâce à leur mère, ils s’évadent. Commence alors un long périple, plein de dangers mais aussi de bonheur ; ils font l’apprentissage de la nature et du temps. Adolescent, Pedro étudie à Bogota, mais peine à s’intégrer dans ce nouveau milieu où son type indien le voue à la solitude. La musique et la littérature l’aident à trouver sa place et à découvrir le sens de sa vie. En partie autobiographique, la rude épopée des deux enfants est sublimée par la qualité spirituelle du rapport intense au monde, propre à la culture indienne : perception des individus et des lieux à partir des couleurs, transmission de pensée, anticipation des phénomènes naturels, mais aussi résistance au rejet et aux violences subis par ce peuple. Les paroles des personnages sont parfois un peu trop intellectualisées. Devenu psychanalyste en France, l’auteur dédie ce beau roman évocateur à sa mère dont les leçons l’ont façonné et sauvé. (B.V. et A.Le.)
Bouches de cendres
ESCOBAR MOLINA Alvaro