Dans cette version de Boucles d’or, ils ne sont plus que deux qui reviennent de la forêt ! L’ourson a disparu à jamais. Boucles d’or, pendant ce temps, a pris ses marques dans la maison. Les parents endeuillés vont-ils la chasser ?
Zidrou détourne le conte de Grimm pour raconter une « autre » histoire, de désespoir d’abord, puis de réconciliation avec la vie. Boucles d’or, l’étrangère, n’est plus une intruse mais, le malheur ouvrant à la compassion, on lui fait place. L’illustration, très épurée – trois couleurs, dont le noir traité en ombres chinoises – emplit pages et doubles pages. Associées au vert pomme des objets, les silhouettes des personnages anthropomorphes sont étonnamment expressives, dès l’instant où on accepte leur figuration minimaliste et le parti pris d’une Boucles d’or noire et surdimensionnée. Le décor est traité avec la même économie et la forêt de tous les dangers, judicieusement modernisée en espace urbain géométrique. Ajoutons à ce récit graphique une main qui suggère la parole muette du langage des signes. L’ensemble, très original, est beau mais déroutant pour qui ne connaît pas parfaitement le conte traditionnel.