Raymond Radiguet naît en 1903 à Saint-Maur. Aîné d’une famille nombreuse peu argentée, il quitte le lycée à treize ans pour une école d’art. Un an plus tard, il a une liaison avec Alice Saunier, fiancée à un soldat qui est au front. Pigiste à l’Intransigeant, ambitieux, charmeur, il fréquente Apollinaire, Picasso, Paul Poiret… partage leur goût des fêtes, de l’alcool, de l’opium et des femmes, et éprouve pour Jean Cocteau une véritable fascination, d’ailleurs réciproque. Le diable au corps est publié en 1923 alors qu’adulé mais de santé délabrée, il meurt de la fièvre typhoïde en 1924. Jessica L. Nelson (Debout sur mes paupières, HdN février 2017) emprunte son titre à une phrase du très beau Mystère de Jean l’oiseleur, écrit par Jean Cocteau bouleversé par la mort de Raymond Radiguet. Elle intrigue par ce choix qui convient à merveille au roman : pudique, émouvant, il traduit avec élégance une époque de grande richesse culturelle mais aussi d’un dévergondage excentrique et scandaleux, masquant une souffrance intime nourrie d’ambiguïté. L’auteure y montre l’image de l’adolescent aux rapports assez troubles, terriblement doué, séducteur né mais aussi fragile. Une biographie tumultueuse entre folies et tragédies, vivante et bien insérée dans le siècle. (V.M. et B.T.)
Brillant comme une larme
NELSON Jessica L.