Les quinze premières minutes muettes du Flingueur, film de 1972, fascinent un jeune journaliste au point qu’il va consacrer plusieurs années à creuser le mythe de l’acteur le mieux payé au monde dans les années quatre-vingt, à retracer son ascension et sa chute. Né Bunchinsky, Charles Bronson a hérité la trogne burinée et le regard tatar de son père lituanien, mineur de fond dans les Appalaches. D’abord engagé dans des rôles de Peaux-Rouges pour son physique atypique, il devient une star de Hollywood en jouant les gangsters ou les justiciers, mutiques et déterminés. Pour son premier roman dans lequel il est le journaliste et narrateur, Arnaud Sagnard mêle une part d’autofiction à son enquête sur la vedette et sur l’industrie cinématographique toute-puissante qui en a fait une icône avant de passer à quelqu’un d’autre. La filmographie de Bronson est minutieusement rapportée, mais c’est moins une biographie que le portrait psychologique très personnel d’un acteur rendu attachant par son comportement réservé, en retrait de la profession. L’auteur est plus confus, donc moins convaincant, quand il trouve des résonances avec ses propres peurs et obsessions. L’ensemble est touchant par sa sincérité et l’effort déployé. (T.R.)
Bronson
SAGNARD Arnaud