Bruit dedans

DUBOSC Anna

Anna, écrivain, prend quelques jours de vacances chez un collègue à Lacanau. De retour à Paris, elle rend visite à sa mère en Ehpad, héberge une ou deux nuits une jeune Ivoirienne, cuisine le samedi soir dans un restaurant associatif, passe le week-end chez son ami à Pantin. Compulsivement, elle prend des notes, élabore mentalement les phrases à venir. Sa belle-mère meurt brutalement ; ébranlée, elle craint que sa mère déclinante disparaisse bientôt. Elle renoue avec Julien l’accumulateur de mots, de notes, de matière première pour un livre qu’il n’écrit jamais.

Débutant comme une banale autofiction, le récit de vie avec ses plaisirs, son angoisse du temps qui passe et l’irruption de la mort devient vite une réflexion sur l’écriture, son processus, son but, sa nécessité. Par quel biais ? De longs échanges entre la narratrice et Julien, son alter ego. Tous deux apparaissent plongés dans la quête vertigineuse d’une réalité révélée par les mots. L’écriture (ou son projet) phagocyte leur vie mais « c’est le récit qui te donne l’existence », écrit Julien en conclusion. Se pose alors la question de la réalité et de l’utilisation des autres dans l’autofiction. Captivant. (M.D. et C.B.)