Richard Millet ne se lasse pas d’accomplir des « voyages de retour » au Liban pour y retrouver les repères de son enfance et y « découvrir là le secret du Temps ». Revenant du Liban en août 2009, quelques mois après le décès de sa mère, il mêle les souvenirs de ce dernier voyage avec ceux du voyage entrepris en 1997 à la découverte des sites mythologiques visités avec son père qui, pendant huit ans, avait dirigé là-bas la construction d’un tunnel d’adduction d’eau. Il n’oublie pas ses coups de colère stigmatisant les ravages uniformisateurs de la langue anglaise, le déclin de la langue française, les simplifications idéologiques…
Dans La confession négative (NB février 2009) Richard Millet racontait ses souvenirs de la guerre du Liban et sa lutte en tant que guerrier et écrivain. Ici, la traversée des montagnes, des villages, les digressions incessantes, les détails minutieux, les phrases interminables rendent ces souvenirs moins intéressants. Ce cheminement, dans une atmosphère pluvieuse, glaciale et brumeuse, est perçu comme le rituel douloureux et nécessaire pour que l’auteur s’affranchisse de son enfance libanaise.