Ce matin-là, le trolleybus 75 quitte sa ligne pour partir vers la campagne et s’arrêter finalement à l’orée d’un bois. Les passagers, tous des employés sérieux, s’inquiètent, mais le bus n’en fait qu’à sa tête. Une dame descend, alléchée par des cyclamens, bientôt suivie des autres passagers, dont la mauvaise humeur fond sous la douceur de l’air et le charme des lieux. Chacun explore, cueille ou s’amuse, jusqu’à ce que le bus redémarre brusquement: la parenthèse enchantée est terminée. On était le 20 mars.
Jolie façon de fêter le début du printemps! On aimerait bien que d’autres bus en prennent parfois de la graine. Pour ce conte de Gianni Rodari, léger et tendre, qui ouvre une faille dans la vie bien réglée du bus-boulot-dodo, l’illustratrice a choisi un style plus humoristique que poétique. Les formes nettes, comme découpées dans du papier coloré, ont une géométrie qui évoque l’enfance; ainsi les troncs des arbres droits et lisses comme des piquets, les frondaisons en ovales, les voitures aux silhouettes de jouets, les visages ronds des personnages, qui, comme tout l’univers, semblent sortir des années 70. Cette fraîcheur ludique laisserait soupçonner que s’évader du quotidien serait plus accessible aux enfants qu’aux adultes…