Buveurs de vent

BOUYSSE Franck

Au Gour Noir, vallée hostile, la centrale électrique fait travailler les habitants du village sous la domination de Joyce, tyran omnipotent, cruel et pervers. Le viaduc est le lieu d’évasion pour une fratrie d’indissociables adolescents. Mathieu le rêveur, Marc le lecteur, Mabel solaire et sensuelle, et Luc, le simplet en recherche de l’Île au Trésor, s’y balancent au bout de cordes. Ils fuient un couple de taiseux, leur mère bigote et leur père violent. Liberté chèrement payée pour Mabel l’insoumise… Mais la révolte gronde, explose… Ce monde disparaîtra-t-il ? Les individus peuvent-ils se renouveler, se raccorder ?

La langue magique de Franck Bouysse (Né d’aucune femme, Les Notes avril 2019), son écriture travaillée, riche, où chaque mot juste dessine les personnages majeurs – dont un sage et merveilleux grand-père ou certains êtres hallucinés dans ce lieu cadenassé. Ce roman noir est éclairé par une lumineuse fratrie. Allégories, visions poétiques, fantasmagories s’associent pour glorifier la nature (on tuera pour la protéger) et la littérature. De nombreuses citations littéraires ou bibliques enrichissent une histoire troublante dont les rebondissements oscillent entre aventures proches du western et tragédies. La condition ouvrière ajoute une dimension sociale a ce récit puissant, sensible et charnel. (A.C. et C.-M.T.)