Un père pauvre, pasteur qui a perdu la foi, une mère medium : de quoi tôt s’interroger sur le secret de l’être. Jung, suisse allemand, devient psychiatre. Il rejoint le mouvement psychanalytique naissant pour en devenir le dauphin prometteur. Bientôt, il abandonne la doctrine du « tout sexuel » de Freud et se brouille avec l’illustre maître pour explorer le champ immense du « numen » (la puissance du religieux). Des expériences intérieures l’illuminent, il s’intéresse aux religions orientales, à l’alchimie, l’astrologie… Il épouse une riche héritière, entretient avec ses patientes ou ses collaboratrices des relations ardentes, rencontre des tribus reculées d’Afrique… Il élabore ses théories sur l’inconscient collectif, les archétypes, etc. Il est lu, connu, reconnu.
Visiblement, Jean-Jacques Antier, qui s’intéresse à la mystique (Le mysticisme féminin : épouses du Christ, NB avril 2001), est conquis par la personnalité de Jung. Il retrace son parcours en chapitres brefs, pédagogiques, clairs malgré la complexité du sujet ; une annexe sur l’oeuvre, une chronologie, un lexique complètent cette approche orientée. Certes, il résume à la limite de la caricature la doctrine de Freud qu’il n’aime pas ; et ses répétitions, fréquentes, deviennent lassantes. Mais cette biographie très complète introduit à une oeuvre marquante qu’elle incite vraiment à aborder de plus près.