Elle élève seule son enfant, enseigne dans un lycée parisien, rencontre un soir de réveillon Sarah, violoniste dans un quatuor reconnu. Deux jeunes trentenaires découvrent leurs affinités, vivent une passion amoureuse insoupçonnée, inoubliable, brisée par la mort de Sarah. Dans le cadre romantique de Trieste, habitée par ses souvenirs, Elle tente de survivre. Construit en deux parties où la vie et la mort se répondent, ce premier roman sans dialogues raconte, analyse « Ça » : le désir pulsionnel, son jaillissement, sa dictature, sa retombée. La musique accompagne ses vibrations. Mis en scène et écrit par une narratrice jamais nommée et terrassée par ce nouveau monde affectif, il est exalté en des phrases courtes aux mots justes, recherchés, sans vulgarité. La langue révèle l’incandescence d’une relation tant cérébrale que charnelle dont tout autre personnage, toute réalité pratique sont exclus. À l’image des deux syllabes doublées du titre, les formules répétitives (Sarah est vivante, elle est morte) affirment les caractères et les obsessions de ces deux femmes au portrait contrasté. Si la deuxième partie du récit est plus convenue et languissante, cette ode à une amante défunte, scandée par une partition musicale raffinée, reste un singulier moment d’écriture maîtrisée et rare. (A.C. et L.G.)
Ça raconte Sarah
DELABROY-ALLARD Pauline