Cadavre exquis

BAZTERRICA Agustina

Après la Grande Guerre Bactériologique, à l’époque dite de la « transition », les animaux, infestés par un virus, sont devenus inconsommables. Les humains se sont tournés vers un cannibalisme scrupuleusement réglementé. Tejo travaille dans un abattoir et reçoit en cadeau une femelle comestible. Il n’a pas le droit de la tuer, mais pourrait la vendre un bon prix. Bravant tous les interdits, il en tombe amoureux.  Pour son premier roman, Agustina Bazterrica développe un thème bien étrange. Les cadavres sont devenus exquis, les gens se délectent de leurs semblables. La qualité de la viande et son prix dépendent de l’âge du sujet, de la pureté de son origine ; chaque partie du corps a sa valeur, les plus intimes étant les meilleures. Les mâles, les femelles et les petits, destinés à la sélection, sont élevés dans des cages différentes… difficile d’aller plus loin dans une lecture horrifiante. L’histoire romanesque elle-même apporte sa souffrance. L’imagination dans l’escalade de la cruauté n’a pas de limite. Une belle qualité d’écriture, une maîtrise du suspense parfaite, mais la vie imaginée par la romancière a tout du cauchemar. (V.M. et A.C.)