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Peu explicité au chapitre IV de la Genèse, le fratricide de Caïn a généré depuis le Moyen Âge d’innombrables interprétations et réécritures qui nous sont présentées ici. Toute la littérature mondiale défile, Camus, Nietzsche, Byron, Hugo, et cent autres. Les frères ennemis furent définis en opposant nomades à sédentaires, bestialité ou matérialisme à spiritualité, bonté à méchanceté, passivité à création… certains auteurs allant jusqu’à enrôler lutte des classes ou colonialisme, relations ambiguës entre bourreaux et victimes. D’autres attribuèrent à Caïn l’origine des arts et techniques, donc des civilisations. Le conflit fraternel et le châtiment symbolisent les affrontements armés entre peuples d’une part et la condition humaine d’autre part. Caïn, sa révolte et ses souffrances furent réhabilités par les Romantiques.
L’importance de l’évolution historique du mythe montre l’impact sur les consciences, éclaire le défi du mal. Le lien entre haine et amour est évident mais les diverses interprétations proposées sont souvent arbitraires. Cette étude fouillée comprend une profusion d’exemples, de citations, de notions complexes énoncées dans un langage érudit qui peut dérouter, mais mérite l’attention soutenue qu’elle requiert.