La photo de classe, câest lâĂ©vĂšnement prĂ©fĂ©rĂ© de Camille et câest… aujourdâhui. La petite camĂ©lĂ©on se verrait bien au milieu, tenant la pancarte CE2, mais elle redoute dâĂȘtre encore relĂ©guĂ©e en bas Ă droite. Jamais remarquĂ©e, jamais choisie, et mĂȘme jamais punie! Ă force de timiditĂ©, elle est invisible et surtout malheureuse. Et voilĂ que le pire arrive : le jour J, le photographe lâoublie carrĂ©ment. Câest la goutte qui fait dĂ©border le vase, poussant Camille Ă prendre une grande dĂ©cision.  Beaucoup dâenfants font la douloureuse expĂ©rience de la timiditĂ© paralysante qui les empĂȘche de trouver leur place dans un groupe. Câest donc un sujet dĂ©licat quâabordent les auteurs avec sensibilitĂ© et discrĂ©tion. En racontant son quotidien, Camille nâocculte ni ne minimise rien. Ses mots simples et justes sont bien ceux dâun enfant. Le trait minimaliste qui la rĂ©duit Ă une silhouette transparente, quasi indiscernable dans des dĂ©cors tendance sĂ©pia, est une trouvaille efficace. Les hachures qui ombrent personnages et dĂ©cors parlent aussi de grisaille, de mal-ĂȘtre, et dâinquiĂ©tude. Ă noter toutefois lâomniprĂ©sence de taches de lumiĂšre rassurantes. La fin heureuse met en exergue lâidĂ©e un brin philosophique que nul ne peut exister en dehors du regard de lâautre. (M.-F.L.-G.)
Camille est timide
BAUM Gilles, DEDIEU Thierry