À Rome vers 2005, lors d’une assemblée de l’ONU, des Moldaves prennent en otage les dirigeants du monde. La Moldavie est en décomposition, mais un camp de redressement géré par un personnel féroce fonctionne encore. Y est captif un prophète à qui Dieu a promis une terre pour son peuple. Russie et Union Européenne surveillent le pays d’où les adultes sont partis travailler en Europe. Les enfants abandonnés à eux-mêmes deviennent des bandits : plus d’argent ni de nourriture depuis la crise. Divers personnages se retrouvent au camp pour un exode qui se déroulera devant les caméras : que l’ONU leur donne une terre ! Le tableau de la Moldavie en ruines est d’un humour grinçant, très noir. Tout va mal, on croit avoir touché le fond, et ça empire : la capitale aux rues effondrées, les campagnes peuplées de corbeaux gras, les tortionnaires et les victimes qui arborent la même grimace. Cette farce politique grand-guignolesque et sanglante affiche la dérision systématique de l’auteur (Des mille et une façons de quitter la Moldavie, NB juin 2014), parfois réjouissante, mais un peu lourde. Longueurs et répétitions émoussent l’intérêt pour cette parodie de messianisme contemporain sur fond d’apocalypse et d’impuissance internationale. (E.B. et A.Le.)
Camp de Gitans
LORTCHENKOV Vladimir