Wilhelm Canaris dirigea le renseignement militaire allemand, l’Abwehr, de 1935 à 1944. Il est communément considéré aujourd’hui comme un opposant clandestin à Hitler, couvrant les conjurations d’officiers qui, dès 1938, se sont succédé, en vain, pour éliminer le Führer. Le fait que celui-ci le fit pendre quelques jours avant son propre suicide paraît corroborer ce jugement. Comme d’autres historiens, Éric Kerjean conteste cependant cette thèse. Si l’amiral Canaris a laissé se former des complots, c’était pour mieux contrôler les opposants et faire échouer leurs projets. Hitler en était informé et voyait en Canaris, polyglotte et favorablement connu à l’étranger, un négociateur éventuel pour obtenir des Alliés une paix séparée à l’Ouest, et ne plus avoir que les Soviétiques à combattre. Cette étude minutieuse et sans passion s’appuie sur des archives non publiées et sur des témoignages d’interlocuteurs charmés par cet homme secret et manipulateur, mais ne clôt pas le débat.
Canaris : le maître espion de Hitler
KERJEAN Eric