Une valise Ă©garĂ©e venant dâIsraĂ«l est rapportĂ©e Ă Munich, chez Jan Wechsler. Ătrangement, il ne la reconnaĂźt pas. Ăcrivain, il vit heureux avec femme et enfants, en Juif observant, et cet incident lâenrobe soudain dâun nuage. Sa mĂšre habite-t-elle la Suisse, Berlin ? DâoĂč vient son argent ? A-t-il dĂ©menti les souvenirs dâun certain Minsky, prĂ©tendument rĂ©chappĂ© de la Shoah ? Pour comprendre, il part Ă JĂ©rusalem. De son cĂŽtĂ©, Zichroni raconte son histoire. ĂlevĂ© par un Juif pieux fortunĂ©, il est devenu psychiatre, a soignĂ© Minsky, ravagĂ© par ces fausses (?) contestations et habite JĂ©rusalem. Les fils se nouentâŠÂ PremiĂšre subtilitĂ©, les deux rĂ©cits sont imprimĂ©s tĂȘte-bĂȘche. Ambigu comme le titre, lâun fait vaciller rĂ©alitĂ© et mĂ©moire : prĂ©sent, passĂ©, souvenirs et rĂȘves se mĂȘlent, indissociables. Le second rejette le rationnel : Ă chacun son fragment de vĂ©ritĂ©, son rĂ©cit. Dans ce livre atypique et touffu, lâobservance rituelle et surtout le Talmud et les traitĂ©s religieux tiennent une grande place (deux glossaires traduisent le vocabulaire hĂ©breu). Sont abordĂ©s, avec une semblable minutie, la restauration des violons, les bains rituels dâIsraĂ«l ou les pratiques de la joaillerie et de la psychiatrie : riche, dĂ©concertant et complexe, ce roman mĂ©taphysique se lit avec intĂ©rĂȘt et concentration.
Canevas
STEIN Benjamin