À dix ans, il prolonge l’heureux temps des vacances, n’écoute pas la maîtresse et dessine dans son cahier le joli village de sa grand-mère. Cancre et batailleur, il désespère ses professeurs, exaspère sa mère, tourmente ses soeurs, afflige son père qui excuse son comportement par sa nervosité. Incompris de lui-même et des adultes, il traîne sa souffrance mentale de psychologues en pensionnats et rêvasse dans l’attente du prochain retour à la campagne ; pour vivre – enfin. Homme passionné, écrivain prolifique et souvent polémiste, Denis Tillinac (L’âme française, NB juillet-août 2016) surprend par la tendresse portée à son personnage. Dans un roman aux tonalités autobiographiques, ce « petit homme » parcourt le Paris des années soixante et s’évade d’un monde où les adultes autoritaires sont totalement incompréhensibles. Cette incommunicabilité l’enferme dans un mutisme qui génère une violence permanente. Dans un style délicat, le romancier fait partager la sensibilité exacerbée de ce garnement, ses colères, ses copinages, sa passion naturaliste ou ses premiers émois amoureux. Et, parmi les jolies descriptions de cette Corrèze aimée, il n’élude pas le savoureux récit des travaux champêtres du jeune citadin. Une bulle de nostalgie entoure les chemins d’une enfance révolue dont l’auteur, comme son héros, reste inconsolable. (M.R. et B.D.)
Caractériel
TILLINAC Denis