C’est Vieux-Georges qui a trouvé Baptiste. Vendu par son maître antillais pour finir d’honorer une commande, l’enfant venait de s’évader du navire qui l’emportait, profitant d’une escale sur le continent. Le régisseur du domaine confie le dressage de Scipio (ainsi rebaptisé) au vieil homme qui se prend d’affection pour lui et le sauve de la férule du Blanc-qui-tape en le faisant placer chez le tonnelier où il apprend un vrai métier. L’enfant raconte sa vie de fils d’esclave dans une plantation de canne ; le vieillard, son lointain arrachement à l’Afrique. Parcourir, en un seul album, l’histoire de l’esclavage en Amérique n’était pas chose facile. Maurice Pommier y parvient, les images complétant le texte, en décrivant l’itinéraire exemplaire de Baptiste-Scipio-Catfish. C’est le récit d’une émancipation qui met en évidence le rôle du travail et de l’instruction. C’est à l’arrière-plan, l’évocation, sans souci de l’effet, de la condition des esclaves. Le travail de mémoire est renouvelé par l’originalité de l’album : des aquarelles sépia d’une précision documentaire ; une mise en page qui permet, sans surcharge, de multiplier les informations. Qualité du texte et qualité graphique au service d’un sujet grave.
Catfish ; une histoire de combats, de liberté et de courage
POMMIER Maurice