Trente ans après La Barbarie à visage humain (N.B. mars 1977) Bernard-Henri Lévy renoue avec la veine critique de ses débuts. Le point de départ de ce livre est d’ordre politique. Sollicité par Nicolas Sarkozy pour écrire un article, il refuse, mais s’interroge sur le ralliement massif à la droite et donne les raisons de son attachement à la gauche. Il évoque d’abord des images fortes comme celle de son père combattant le franquisme, puis ses engagements personnels au Portugal, en Bosnie, au Darfour, ses désaccords concernant Vichy ou le colonialisme : il est selon lui de la plus haute importance de reconnaître les crimes et d’en garder vive la mémoire. Les valeurs dreyfusardes et antifascistes sont moribondes. Après s’être délivrée du totalitarisme communiste, la gauche cède à la tentation de « l’idéologie française », négligeant l’horizon européen…
Engagé et batailleur, le philosophe souligne que la gauche est entièrement à reconstruire. Il cite les amis, décoche quelques flèches mordantes, élabore de brillantes démonstrations ; le propos dense et foisonnant requiert connaissances et attention.