Ce prince que je fus

SOLER Jordi

Mexico, 1520. Le baron Juan de Grau, soldat de Cortés, épouse une fille de l’empereur Moctezuma et la ramène dans son village des Pyrénées espagnoles. La princesse donne naissance à un fils mais devenue folle, elle meurt peu avant son époux. À Barcelone, de nos jours, un retraité se lance à la recherche du trésor princier qu’on dit enterré dans le nord du pays. Il fait chou blanc, mais apprend l’existence d’un dernier représentant de cette lignée hispano-aztèque. Le vieil homme vit misérablement près de Veracruz après s’être employé à redorer son blason « impérial » dans l’Espagne des années 60, et avoir mené grand train… Qui mieux que Jordi Soler (Restos Humanos, NB mai 2015) né au Mexique et d’origine catalane, pour conter cette épopée extravagante qui mêle réalité et fiction ? Cinq cents ans séparent la triste histoire d’amour d’un conquistador de deuxième zone et celle, plus dérisoire mais toute aussi touchante, de son lointain descendant, pantin imposteur, truqueur éhonté, parasite naïf. Les spéculations, hésitations, et revirements du narrateur, prétendu journaliste et historien amateur, ajoutent en humanité et drôlerie à cette saga qui dénonce au passage les ganacheries bien réelles du Caudillo Franco. Portrait vif et brillant d’un anti-héros magnifique. (T.R. et J.G.)