Ce que j’aime c’est

THOMAS Marta

Étude très fine du questionnement de Laura, treize ans et demi, sur le sens de la vie, sur ce qu’on doit ou non accepter de la part des adultes. Elle fait les livraisons, trois fois par semaine, chez François Foret, 55 ans, polyhandicapé, ancien professeur de français qui lui parle philosophie. Doit-elle accepter qu’il pose sa main sur son genou, pendant tout l’entretien ? Horrifiée, elle le nomme « mon dépuceleur de genou », imagine les satisfactions sensuelles que Foret éprouve… Cela devient une obsession pour Laura. Les adultes ne la soutiennent pas : sa mère élude le problème, son père est direct : « Il n’est pas question de perdre un bon client ». Il n’y a que Théo, 24 ans, pour remettre les pendules à l’heure : « On ne touche pas à une fille de 13 ans ». La conclusion de Laura n’est pas libératrice : « Maintenant je sais qu’en donnant le bonheur que réclame François Foret, je grandis. Il n’y a pas de mal à ça, c’est mon père qui le dit…» Ce récit publié dans une collection destinée aux 12 ans et plus secrète un sentiment de malaise : Laura réfléchit, fait des choix, mais ceux-ci restent sous influence et ne vont pas dans le sens de grandir. Attention à ne pas se méprendre sur le sens de l’empathie. Cette empathie dangereuse reste en dehors de tout classement.