Ce que je n’ai pas pu dire

Dans sa jeunesse il a fait sauter un pétard dans son lycée parisien… Ainsi commencent les volumineux et ultra-documentés « Mémoires » du juge Bruguière, célèbre magistrat antiterroriste, écrits sous forme d’échanges avec le journaliste spécialisé, Jean-Marie Pontaud. Issu d’une famille de juristes, Jean-Louis Bruguière corrige ses débuts explosifs et mène une brillante carrière. Il est successivement juge d’instruction responsable d’affaires médiatiques nationales, puis expert mondialement connu (aux méthodes parfois critiquées) du terrorisme dont les ramifications, exactions, menaces s’étendent sur tous les continents. Sont aussi traités le cas d’un Japonais cannibale, l’affaire Broglie, la rue des Rosiers, Abu Nidal, l’attentat contre Jean-Paul II, Action Directe, le DC 10 d’UTA, les suites du 11 septembre 2001, Al-Qaïda… et bien d’autres dossiers.

Si la connaissance approfondie de l’univers révolutionnaire, de ses fractions évolutives, de ses membres aux pseudonymes fréquents et adeptes du double jeu, auteurs ou complices de massacres sanglants, permet de reconstituer trente années de lutte, l’érudition manifestée rend la lecture parfois difficile et exige une grande attention. Une écriture répétitive, des affaires à rebondissements alourdissent un texte, au demeurant riche d’enseignements, soucieux de légalisme, aux conclusions préoccupantes. Parfois ardu, toujours instructif, un texte foisonnant.