La maladie est un bouleversement individuel et familial qui oblige à trouver un nouvel équilibre, et c’est à sa maman que Claire Fercak dédie ce livre où elle décide de replonger dans « ce tunnel hospitalier », en spectatrice. Le glioblastome, tumeur primitive du cerveau extrêmement agressive et incurable avance masqué, et la litanie de ses symptômes entraîne une dégradation de la personnalité. Claire Fercak (Histoires naturelles de l’oubli, NB décembre 2014) en fait la matière dramatique de son ouvrage. Dans les couloirs aux portes entrouvertes, bruissent des dialogues fugitifs, des bribes de ressenti, des paroles confuses, des lambeaux d’affabulations symptômes de dégénérescence auxquels l’accompagnant doit s’adapter. Il fait semblant, ment, s’ajuste à une réalité qui n’est pas la sienne, récompensé par la fragilité d’un sourire entre deux assoupissements. De ce chaos se dégage une intimité particulière, un échange, un partage d’expériences que l’auteure s’autorise et élargit au murmure des autres. Elle, lui, il, tu, vous… se mêlent en un grand corps malade, sans identité, pouvant esquisser de subtils échos qui ricochent sur nos mémoires ou, malgré tant de détresse mais à travers trop de phrases lapidaires, laisser le lecteur à distance de l’émotion. (C.R.P. et Maje)
Ce qui est nommé reste en vie
FERCAK Claire