Ce qui t’appartient

GREENWELL Garth

Deux hommes se rencontrent ; l’un est américain, envoyé à Sofia comme professeur de littérature pour une université renommée ; l’autre, Mitko, jeune Bulgare de vingt-trois ans, insaisissable, fauché, libre de son temps. Aucune équivoque lors de ce premier contact. Une histoire démarre ; les difficultés de communication dues au problème linguistique – en bulgare le mot Priyatel peut vouloir dire ami, amant ou client –, leur âge, la précarité de Mitko compliquent leur liaison. Celle-ci provoque beaucoup de questionnements et d’introspection chez celui qui s’est exilé. Des souvenirs douloureux le submergent.    Garth Greenwell, poète, critique littéraire, écrit son premier roman. À travers cette relation homosexuelle, il dépeint avec beaucoup de sensibilité les affres du désir et sa violence, la puissance du regard, le manque, l’ambiguïté des plaisirs du sexe tarifé. Le caractère impulsif du jeune prostitué sans ressources et malade bouscule le narrateur fragilisé par son besoin physique de le voir. Cette fragilité lui rappelle celle de son passé avec le mépris de son père quand il découvre sa différence et son enfance baignant dans une violence permanente. L’écriture est très travaillée et détachée. Certaines descriptions réalistes peuvent troubler le lecteur déjà éprouvé par l’ambiance stressante de ce monde en marge.  (M.-P.R. et A.Be.)