Ce sera ma vie parfaite

Pour peupler la solitude de son château de Sancerre, un marquis octogénaire héberge une troupe de danseurs et de musiciens. S’apprêtant à mourir – il a planifié sa fin avec soin – il revient sans complaisance sur sa vie. Son père le méprisait. Lui-même n’a pas aimé grand monde, quelques femmes qu’il n’a pas épousées, son frère, mort dans une guerre et qu’il a dépouillé de son oeuvre de reporter photographe, sa soeur surtout, morte elle aussi. Journaliste, il s’est rêvé écrivain, sans succès. Décidé à se racheter, il choisit pour héritier un jeune garçon qui, inexplicablement, lui voue une haine implacable. Camille de Villeneuve est une jeune auteur (Les Insomniaques, NB septembre 2009). Elle réussit avec talent à endosser le cynisme et le ressassement délétère d’un misanthrope fier de pouvoir déclarer : « L’impuissance, c’est l’oeuvre de ma vie ». Plus que ces examens de conscience proprement dits – l’autodénigrement, la détestation de soi et la contemplation d’une vie de néant – parfois un peu longs et lassants, c’est la qualité d’écriture et la causticité du récit qui font l’originalité de ce deuxième roman.